Le Petit Théâtre De Nos Disputes Ou Le Triangle Dramatique Dont Nous Ne Voulons (Ou Ne Savons) Plus Sortir

La science est souvent l’art de l’observation. Et de cette observation, il résulte parfois des constantes, des actions ou des phénomènes qui se répètent invariablement quels que soient les catégories sociales, les lieux ou les situations. Ces actions observées deviennent alors des donnés mesurables et scientifiques passant de tendances à faits avérés et statistiquement établis.

Stephen Karpman, médecin, psychiatre et psychologue, élève d’Éric Berne, père de l’Analyse transactionnelle et de la psychologie contemporaine, a élaboré sa théorie du triangle dramatique en mettant en lumières les relations dysfonctionnelles manipulatoires inconscientes et les jeux psychologiques qui en découlent.

Cette constatation est depuis l’une des bases de la compréhension des conflits et de l’incapacité que nous avons à en sortir.

Il s’agit de comprendre que très souvent lors de conflits répétés ou de situations conflictuelles persistantes dans des groupes ou dans des interactions à 2, nous jouons, tels des acteurs, des rôles bien définis et endossons à l’infini ces costumes qui nous permettent d’exister dans le conflit mais sans avoir aucune chance d’en sortir.

En fait nous sommes bien dans ces rôles et entendons y rester car la force de l’habitude imprime à notre subconscient cette mission. Nous pensons à tort que le fait de changer de rôle nous donne l’illusion d’être toujours en action et d’avoir, en changeant de fonction, participé à résoudre le conflit.

En vérité, il s’agit du contraire et dans ce triangle dramatique, nous agissons inconsciemment, le plus souvent, en manipulateur pour notre propre intérêt.
Pour comprendre, analysons les rôles que nous prenons, décrits ci-dessous dans le triangle dramatique de KARPMAN.

En tant que coach, je suis souvent confronté à cette situation et mes clients rejouent devant moi cette pièce où ils ne perçoivent pas le piège.

Chacun des trois acteurs trouvera une réponse à ses propres attentes en jouant son rôle. Ces rôles peuvent être mis en relation avec ce qu’Eric Berne appelle les « quatre mythes »

  1. J’ai le pouvoir de rendre les autres heureux (Sauveteur en recherche d’une Victime)

  2. Les autres ont le pouvoir de me rendre heureux (Victime en attente d’un Sauveteur)

  3. J’ai le pouvoir de rendre les autres malheureux (Persécuteur en attente d’une Victime)

  4. Les autres ont le pouvoir de me rendre malheureux (Victime en attente d’un Persécuteur).

Le triangle de Karpman offrirait donc à chacun une sorte de solution de nature à combler ses besoins ou attentes.

Quel rôle adoptez-vous généralement dans ce triangle infernal ?

  • Celle ou celui qui veut contrôler et qui sait ce qui est bon pour l’autre… ?

  • Celle ou celui qui vient en aide aux autres ?

  • Ou la victime qui subit les choses, se sent persécutée ?

    ZOOM SUR LA VICTIME

    Ne sommes-nous pas tous un peu la victime de quelqu’un, ce père trop exigeant, cette administration qui ne veut rien entendre, ces personnes qui nous manquent de respect, ce collègue qui ne fait pas sa part de boulot, ce patron trop sévère… Lorsque nous sommes face à une difficulté, ou que nous devons assumer un mauvais choix, trouver un coupable est plus aisé que de se remettre en question.

    La victime ne cherchera pas réellement à sortir de son rôle, car elle reçoit attention, aide ou l’assistance et se sent aimée.
    Le sauveteur aidera la victime mais sans vraiment la rendre autonome. Dans son rôle, il sera apprécié, reconnu, voire aimé.

    Chacun garde son rôle dans ce jeu de dupes tout en tirant profit des bénéfices secondaires qui en découlent (avantages souvent cachés).
    La « victime » attirera l’attention sur elle, et en particulier celle du sauveteur. Se plaindre est en réalité la présentation d’une demande cachée, un moyen pour que l’on s’occupe d’elle.

    Etre une victime signifie aussi que toutes les difficultés rencontrées et le mal qui survient sont la faute du système, des autres… Des persécuteurs.
    C’est donc une bonne excuse pour ne pas reconnaître ses responsabilités, et ne pas modifier ses habitudes. A quoi bon essayer de changer, si tous les problèmes viennent des autres ?

    En fait, la victime n’a pas toujours envie que la situation s’arrange, même si elle souffre ! Que ferait-elle si on ne s’occupait plus d’elle ?

Vous venez de prendre conscience que vous jouez parfois ce rôle de victime ? Ne le renforcez pas par la culpabilité ! Nous vivons dans une société qui alimente la victimisation en déresponsabilisant les gens et en alimentant l’assistanat. Plus une personne est autonome, plus l’indépendance et la liberté deviennent ses moteurs. L’aider sans favoriser son autonomie, c’est au contraire la réduire au silence. N’espérez pas que les autres agissent à votre place, vous risquez d’attendre longtemps !

Cessez de croire en la transformation de votre environnement, que les autres vont changer. Le changement commence par vous. Certes, il faudra prendre certains risques, entre autres ceux des confrontations et du positionnement.
Mais si ce rôle de victime vous dérange dans votre épanouissement personnel, peut- être serait-il temps de commencer à examiner les possibilités pour vous prendre en main ?

Nous ne prétendons pas que le chemin est facile. Il prend souvent du temps, comme toute véritable transformation. Ici, le passage de la victimisation à la responsabilisation et à l’autonomie.
Concrètement, il faudra agir, faire preuve de patience et de persévérance. Mais les bénéfices qui vous attendent n’en valent-ils pas la chandelle ?

Et pour faciliter ce chemin vers plus de liberté, tout en étant rassuré et en prenant du plaisir, le coaching est un véritable atout. Reposant sur l’autonomie de la personne accompagnée, c’est le moyen le plus direct pour obtenir des résultats durables. Cela fait partie de notre travail quotidien avec nos coachés.

ZOOM SUR LE PERSÉCUTEUR

Souvent les personnes qui ont une tendance de persécuteurs ont eu beaucoup de frustrations dans leur enfance et essaient de le faire payer (inconsciemment) aux autres.
Vous vous sentez «un peu» dans cette catégorie ? Parfois «critiqueur» ou « persécuteur » ? Il serait intéressant de vérifier ce que cela réveille chez vous :

  • Notamment, les reproches faits à l’autre, que réveillent-ils chez vous ?

  • Qu’est-ce qui n’a pas (encore) été solutionné dans votre vie ?

  • Qu’est-ce que vous autorisez ou, au contraire, vous interdisez ?

    Le persécuteur est prisonnier de son propre contrôle !

    Il pourrait être intéressant de s’interroger sur vos réels choix de vie.

    Par exemple se poser ces quelques questions sur votre perfectionnisme :

  • « En quoi est-ce important pour vous d’être parfait(e) ? »

  • « La perfection existe-t-elle et à quel prix ? »

  • « Que se passerait-il si vous n’étiez pas parfait(e) ? »

    Sortir du triangle de Karpman, pour un persécuteur, passe souvent par le lâcher- prise.

ZOOM SUR LE SAUVETEUR

Son obsession est de vous aider… Sans même demander si vous avez besoin d’aide !
Il vous cajole, vous donne de bons conseils (les siens), vous réconforte, fait même les choses à votre place… au point de devenir parfois envahissant et d’être perçu alors comme un persécuteur.

Si la victime se plaint de l’intervention inopinée du sauveteur celui-ci rumine ce type de phrase : « Après tout ce que j’ai fait pour toi… »
Dans ce triangle infernal, le rôle de sauveteur est parfois une fuite. S’occuper des problèmes d’autrui est parfois le moyen de ne pas s’occuper des siens. L’intervention du sauveteur n’est-elle pas, parfois, une façon de nier ses propres besoins ?
Questions à vous poser si vous avez une tendance à jouer les sauveteurs :

  • « En quoi est-ce important pour moi de vouloir à tout prix sauver l’autre ? »

  • « Que se passerait-il si je ne le faisais pas ? »

  • « Qu’est-ce qui me fait peur à mon bout de la relation (voir les trois composantes

    de la communication ajouter lien) pour vouloir absolument m’occuper des autres ?

  • « Est-ce le seul moyen que j’ai trouvé pour nourrir mon égo ? »

    Comment sortir de ce rôle de sauveteur ?

  • Commencer par demander si l’autre souhaite être aidé.

  • Cette aide devra être cadrée dans son contenu et dans le temps.

  • Elle devra avoir une contrepartie pour éviter à l’autre d’être en dette.

  • L’aide doit permettre à la personne aidée de faire sa part du chemin (il

    faudra qu’elle se responsabilise)

  • L’aide doit permettre à la personne d’aller vers son autonomie

    Rappelez-vous le dicton : « Ne lui donnez pas du poisson, apprenez-lui plutôt à pêcher ! »

    7 CLÉS POUR SORTIR DE CE TRIANGLE DRAMATIQUE

    On ne peut pas changer l’autre, par contre on peut commencer par se changer!

    Voici quelques outils très efficaces pour sortir du triangle de Karpman :

    Le lâcher-prise :

    Apprenez à exprimer vos convictions sans dénigrer les croyances de l’autre, il en fera l’usage qui lui convient.
    L’acceptation de l’autre tel qu’il est :
    La manière dont l’autre se comporte est moins importante que le chemin que vous parcourez.

    Le respect :

    Vous exprimez ce que vous ressentez, vous posez vos mais sans blesser l’autre en utilisant la communication non violente.
    L’indépendance par rapport au résultat de vos actions :
    Qui êtes-vous pour croire qu’autrui devrait se conformer à vos désirs ? Accepter qu’une demande puisse recevoir un non ou qu’un geste qui part d’une bonne intention soit reçu différemment.

L’abandon de la volonté d’obtenir quelque chose par la manipulation :

Si vous menacez (Persécuteur), vous plaignez (Victime) ou promettez (Sauveur), l’autre personne vous fera peut-être plaisir mais finira aussi par vous en vouloir. L’abandon du rapport de force :
Par exemple, je suis malheureux à cause de toi (V). Tu sais que je fais de mon mieux (V) ou Tu sais que je fais tout pour toi, tu n’es jamais content(e) (P) L’abandon de l’amour conditionnel :

Par exemple, si tu m’aimais vraiment tu ferais… Privilégiez l’amour inconditionnel. Agissez pour vivre en conformité avec vos valeurs, votre spiritualité, où le seul plaisir est celui de faire plaisir (voir également apprendre à dire non).
Si vous donnez en attendant quelque chose en retour, ce n’est pas de l’amour, c’est juste du troc.

LE TRIANGLE DRAMATIQUE AU TRAVAIL

Dans le cadre professionnel, les relations s’inscrivent fréquemment dans ce triangle et peuvent se compliquer par le jeu des positions hiérarchiques. Il n’est pas rare qu’un supérieur soit étiqueté « persécuteur ». Toutefois, rappelez-vous que sans victime, il ne peut jouer son rôle. Et c’est bien souvent la personne qui paraît la plus « faible » qui sera choisie.

Le triangle de Karpman est un piège qui empoisonne les relations. Développer votre estime personnelle, votre affirmation de soi et privilégier la communication assertive (*) sont d’excellents moyens pour sortir du jeu. Et de vous éviter de subir des comportements extrêmement désagréables et stressants.

(*) La communication assertive consiste à exprimer de façon claire et directe des sentiments et des besoins aux autres sans pour autant chercher à les frustrer ou les accuser et les blesser.
Il s’agit d’une véritable technique de communication, cela se travaille et c’est très efficace pour améliorer ses relations.

Le coaching est une excellente façon de sortir une équipe, une famille, un couple de ce triangle dramatique mais la première étape est de vous visualiser en train de jouer ces rôles et, pourquoi pas, de partager cet article avec ceux qui sont les acteurs de votre pièce.

Il s’agit d’un travail à mener seul ou à plusieurs mais la désactivation des pratiques est rapide et spectaculaire et vous verrez des améliorations importantes dans votre vie.
Sortir du triangle nécessite de faire un pas de côté et d’amorcer le changement.

A vous de jouer

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